La préservation des installations fait appel à tous les aspects de la préservation — reflétant ainsi la variété des pratiques auxquelles à recourt leur création. Dans la continuité du contenu du site qui est basé sur les médias, ces meilleures pratiques se focaliseront sur un problème précis : comment préserver les composants médiatiques d'une installation pour le long terme?
Malgré tout, ce document reste un travail en cours — conçu pour présenter les questions fondamentales que ces œuvres font naître et pour rassembler les recherches les plus récentes dans le domaine.
La documentation est le processus de collecte et d'organisation des informations concernant une oeuvre, y compris son état, son contenu et les mesures prises pour la préserver. C'est pour cela qu'il est crucial de documenter toutes les composantes de l'œuvre, y compris son comportement, dès lors qu'elle intègre une collection. Décrire les composantes médiatiques de l'œuvre aussi bien que l'équipement permettant sa monstration. Il est également important de documenter l'espace physique et l'environnement dans lequel l'œuvre est installée. En ce sens, un conservateur devrait traiter une installation médiatique comme une espèce particulière de sculpture. Chaque partie est égale à l'ensemble.
La première étape de tout plan de préservation consiste à évaluer les besoins de(s) l'objet(s) en question. Pour une installation avec de multiples composants interdépendants, un inventaire de base est une étape essentielle de ce processus. Il est non seulement important de documenter les éléments médiatiques, mais aussi les appareils de lecture et de monstration. Les équipements de monstration sont souvent tout aussi inhérents à l'œuvre que les médias eux-même. Cataloguer intégralement une installation au commencement de l'entreprise de préservation serait idéal, mais cela n'est pas toujours faisable ou pratiquement réalisable. À la place, un inventaire de base au niveau de la pièce, en collectant les informations sur papier ou dans un tableur utilisant un logiciel du type d'Excel est un bon début.
Durant le processus de l'inventaire soyez certain de bien faire attention aux éléments particulièrement endommagées ou visiblement détériorées et rapportez aussi la composition générale de l'installation. Voir la section Inspection.
À mesure qu'avance le processus de préservation, il est crucial de cataloguer exhaustivement le matériel préservé. Bien qu'il ne soit pas nécessaire de créer un catalogue complet pour commencer, il est essentiel que le catalogage soit inclus comme une étape du processus le plus tôt possible.
Le catalogage peut s'avérer étonnement complexe. Bien que de nombreux standards aient été mis en place par les bibliothécaires et les archivistes pour que les informations soient cataloguées de manière à ce qu'elles soient compatibles entre différentes institutions et bases de données, très peu de standards existent pour cataloguer les installations. Avant de mettre en place une base de données, il est utile de consulter un archiviste, un bibliothécaire, un responsable, ou un conservateur compétent dans le domaine.
Une part importante du catalogage repose sur l'utilisation d'un vocabulaire normalisé. Le standard généralement utilisé pour le catalogage de l'image en mouvement est le "Archival Moving Image Materials": A Cataloging Manual, 2nd edition, communément appelé le AMIM-2. Il est disponible dans de nombreuses bibliothèques et universités et donne des standards détaillés pour tout décrire depuis le format de bande jusqu'au variations de titres.
Une discussion approfondi sur les principes et les pratiques de catalogage est disponible sur le site web du Moving Image Collections(MIC). Les règles de catalogage développées par la Fédération Internationale des Archives Filmiques (FIAF) se trouve sur leur site web.
Une "fiche" décrivant le contenu de l'installation devrait être créée, avec une description individuelle pour chaque partie et chaque équipement lui étant lié. Des descriptions séparées au niveau de la pièce pour chaque composant sont nécessaires car les médias sur bande et les fichiers numériques auront des métadonnées d'ordre technique (p. ex., les données de catalogage) et des informations de création différentes et pourront avoir des besoins différents en terme de préservation.
Pour l'intégralité de l'installation, un catalogage basique, qu'il soit sous format papier, sous la forme d'un tableur, ou d'une base de donnée, doit inclure :
Métadonnées Descriptives
Métadonnées Techniques
Métadonnées de Préservation
En plus des métadonnées Descriptives, Techniques, de Préservation et Administratives de l'œuvre dans son intégralité, les informations minimums pour une description de chaque composant sur bande devrait inclure :
Métadonnées Descriptives
Métadonnées de Préservation
En plus des métadonnées descriptives, techniques, de préservation et administratives de l'œuvre dans son intégralité, le minimum d'informations pour une description de chaque composant numérique devrait inclure :
Métadonnées Descriptives
Métadonnées Techniques
Métadonnées de Préservation
Lors du nommage de chaque fichier, suivez les conventions de nommage établies et assurez-vous d'ajouter l'extension du fichier. Ces conventions doivent être établies au début du projet.
Pour des explications plus approfondies concernant les métadonnées des fichiers numériques, voir Art à Composantes Informatiques : Meilleures Pratiques.
Note: De nombreuses collections contiennent des vidéos dans des formats obsolètes qui ne sont pas toujours identifiables par des non-experts. Ce sont ces bandes obscures qui habituellement demandent le plus d'attention ; une description précise de leur format est essentielle. Pour plus d'informations sur l'identification des formats vidéo, se référer au précieux site web suivant :
The Texas Commission on the Arts Videotape Identification and Assessment Guide
En plus de ses composants individuels, afin de préserver une installation correctement dans le temps, le comportement d'une installation doit être documenté. Le comportement n'est pas seulement la façon dont l'installation se comporte ou réagit, mais aussi la manière dont elle fonctionne suivant un ensemble de conditions déterminées par l'artiste. La méthode idéale pour documenter le comportement commence par l'artiste. Mener une interview d'artiste ou soumettre à ce dernier un questionnaire est devenu une pratique de plus en plus courante dans les institutions possédant une collection.
Les questions à poser à l'artiste incluent :
Ces informations seront cruciales dans l'éventualité où l'œuvre devrait être réinterprétée parce que le médium original devenait obsolète par exemple, ou si elle était réinstallée dans un autre espace.
Les installations étant attachées à un lieu spécifique, il est utile de documenter comment une audience réagit et interagit avec une œuvre dans un lieu spécifique. Par exemple en réalisant des interviews de visiteurs, des photographies ou des vidéos de l'installation, des résumés descriptifs d'interactions ou d'échanges particuliers avec l'œuvre en utilisant des diagrammes ou un bref récit. Tous ces éléments pourront aider pour une future installation de l'œuvre. (Gardez à l'esprit que ce genre de documentation possède ses propres besoins en termes de préservation.)
D'autres formes de documentation sont également importantes. Collecter des documents annexes en relation avec l'œuvre, comme des plans et des dessins techniques, des livrets et plans d'exposition, ou encore des portfolios.
Pour des informations supplémentaires sur la documentation des installations à composantes médiatiques, une excellente étude de cas et une série de questions à poser aux artistes, voir "Developing Strategies for the Conservation of Installations Incorporating Time-Based Media: Gary Hill's "Between Cinema and a Hard Place" and "The Conservation and Documentation of Video Art." de Pip Laurenson (fichier PDF).
Pour de plus amples informations sur les stratégies de documentation, examinez les concepts qui sous-tendent le Questionnaire des Médias Variables du Musée Guggenheim. (Notez que vous devez être membre de Rhizome et du Réseau des Médias Variables pour pouvoir accéder à ces questionnaires en ligne.)
Avec un inventaire de l'œuvre au niveau de la pièce — ses matériaux, "son aspect et son ressentit" — un portrait plus clair des besoins concernant la préservation émerge et il est maintenant possible de commencer à estimer les coûts pour préserver l'installation. Cette donnée cruciale l'est aussi lorsque l'on s'adresse aux subventionneurs, qui invariablement veulent une impression très claire de l'envergure d'un projet.
L'utilisation d'un identifiant unique pour chaque document est essentielle durant le catalogage. Pour une installation, il est possible d'assigner un numéro unique à l'œuvre dans son intégralité et une variante de ce numéro à chaque composant de l'œuvre. Le système de cotation devrait être aussi simple que possible. Un système de cotation basique peut décrire la collection ou le créateur, attribuer une cote, et donner des informations concernant le format ou la génération. Par exemple, le triptyque vidéo Anima (2000) dans la collection Bill Viola, qui consiste en trois écrans distincts accrochés au mur montrant trois vidéos différentes, pourra être coté ainsi :
Les différentes conventions pour la cotation devraient être déterminées à l'avance, tout comme les conventions portant sur la façon d'écrire les cotes (par ex., l'utilisation de traits d'union, etc.)
Placez des étiquettes non-acides avec les numéros d'identification uniques correspondant, sur l'installation, sur chaque composant médiatique, ainsi que sur les équipements matériels requis pour montrer l'œuvre y compris les magnétoscopes et les moniteurs. De même, pour les œuvres à composantes informatiques, étiquetez les supports de stockage amovibles comme les disquettes, les Zips ou les disques optiques — ces éléments devraient avoir le numéro d'identification unique de l'œuvre à laquelle ils sont liés.
Bien entendu, il est important que l'étiquetage soit effectué de manière discrète afin de ne pas avoir d'incidence sur l'aspect général de l'œuvre.
Gardez à l'esprit que l'adhésif des étiquettes peut sécher et qu'elles peuvent se détacher. Les supports optiques comme les CD ou les DVD devraient être rangés dans des boîtiers en polypropylène avec des étiquettes en papier non-acides. L'identifiant unique d'une œuvre devrait être écrit sur la partie centrale en plastique transparent du disque avec un feutre marqueur d'archives, sans-solvant, à base d'eau et à encre indélébile.
Les feuillets du boîtier devraient comporter les informations suivantes :
L'inspection est le processus de récolte d'informations détaillées sur un fichier, en prévision de sa migration vers des nouveaux formats. Ce moment est aussi celui où l'on vérifie le statut d'œuvres déjà préservées ou devant l'être.
Une inspection physique détaillée de l'installation et de son matériel peut fournir une importante somme d'informations et aider l'archiviste, le conservateur ainsi que les prestataires à déterminer quelles étapes sont nécessaires pour migrer les composants médiatiques vers un nouveau format. L'inspection des bandes vidéo et celle des fichiers numériques seront réalisées séparément, étant donné que chacun de ces médias requiert des considérations différentes.
L'inspection des bandes est un processus relativement simple, mais il nécessite d'être fait de façon ordonnée, en portant soigneusement attention aux détails. Un formulaire basique d'inspection des bandes vidéo est disponible dans la section de ce site consacrée au rapport de condition. Se référer au guide pour l'inspection des bandes vidéos de l'Association of Moving Image Archivists pour un guide pas à pas de l'inspection physique.
De manière général :
Contrôler l'état physique de chaque bande que vous inventoriez et que vous préparez à un entreposage de longue durée.
Identifiez les bandes qui nécessiterons une attention plus immédiate et déterminez quelles bandes représentent une priorité haute, moyenne ou basse, quand à leur préservation.
Documentez vos observations et vos évaluations dans le catalogue.
• Une forte odeur vinaigrée indique le syndrome du vinaigre.
• De la moisissure blanche ou marron (VOIR PLUS BAS LES CONSEILS CONCERNANT LES BANDES MOISIES)
• De la poudre blanche ou marron à la fin de la bande ou à l'intérieur du boîtier.
• Une bande collante - signe d'un "sticky shed syndrome" (littéralement "syndrome de la bande qui colle et qui dépose").
• La saleté, la poussière ou les traces de doigts témoignent d'une mauvaise manipulation.
• Une bande entreposée détendue ou enroulée de façon irrégulière.
• Dommages sévères (y compris dus à l'eau) au niveau du boîtier de la bande.
Portez des gants sans peluches et essayez de ne pas toucher la surface de la bande ou ses cotés.
Manipulez les bandes dans des lieux sans poussière, sans fumée ni nourriture (Empreintes de doigts, poussières, ou autres débris peuvent entraîner des sauts dans l'image si les particules se retrouvent entre la tête de lecture et la bande).
Les bandes moisies ou contaminées par le syndrome du vinaigre doivent être séparées des autres bandes et conservées au frais et au sec car l'acide acétique ou les spores infectant ces bandes peuvent se propager et infecter des bandes saines.
Important à noter concernant les bandes moisies : La moisissure peut présenter des risques sérieux pour la santé. Si la moisissure est rencontrée durant le processus d'inspection, arrêtez l'inspection immédiatement. Isolez la bande jusqu'à ce qu'elle puisse être examinée par un expert qui sache identifier de quel type de moisissure il s'agit et assurer que la bande peut être manipulée sans danger.
Mettre en place une inspection régulière et évaluer l'état physique de vos bandes est une bonne idée. Idéalement, elles devraient être inspectées au moins tout les six mois pour pouvoir ainsi détecter les premiers signes de détérioration.
Il est recommandé de faire fonctionner vos bandes — c.-à-d., rembobinez-les tous les trois ans. Cela soulage la pression de la bande.
Après l'utilisation d'une bande, assurez-vous de la rembobiner de façon régulière sur la bonne bobine (la bobine réceptrice pour les formats grands publics ; la bobine débitrice pour les formats professionnels).
L'inspection des fichiers numériques consiste à vérifier régulièrement leur opérabilité, ce qui inclus de contrôler le logiciel approprié et nécessaire pour lire le fichier et de s'assurer que l'équipement matériel est pleinement fonctionnel.
Les caractéristiques suivantes ou attributs basiques des œuvres à composantes informatiques devraient être examinés et décrits dans le catalogue durant l'inspection :
L'évolution rapide des technologies et le danger que constitue l'obsolescence exige une inspection et une évaluation régulière de l'intégrité d'une œuvre à composantes informatiques — l'œuvre en tant que système interopérable de données, de formats de données, de logiciels et de matériel.
Il est dur de déterminer la périodicité avec laquelle les composants devraient être inspectés. Souvent, les mises à jours de logiciels ne sont pas compatibles avec les versions précédentes, rendant une grande quantité d'informations numériques obsolètes en un temps très court et sans avertissements préalables.
Idéalement, les inspections sont effectuées régulièrement tous les six mois. Bien sûr, cela n'est pas toujours faisable, mais lorsqu'on intègre une œuvre à composantes informatiques dans une collection, une inspection périodique devrait toujours être considérée comme faisant partie des responsabilités de l'institution envers l'œuvre.
Testez l'œuvre dans son environnement original ainsi que dans le dernier environnement disponible utilisant la dernière version d'un logiciel, système d'exploitation et/ou matériel. Conservez plusieurs copies du logiciel original. Ces tests sont de bonnes opportunités pour évaluer les risques et pour considérer quelles mesures seront nécessaires lorsque l'œuvre devra être migrée.
Contrairement à d'autre type d'œuvres d'art médiatiques, les installations sont complexes et impliquent la conservation de composants multiples. Ces composants comprennent habituellement des médias sonores et/ou visuels, des équipements de lecture, des éléments sculpturaux, et tout comportement lié à l'interactivité de l'œuvre avec le spectateur. Les mesures de préservation qui suivent serviront à maintenir les fonctionnalités de l'œuvre de façon à ce qu'elles soient le plus proches possible des intentions initiales de l'artiste. Bien que la conservation de toutes les parties d'une installation soit essentielle pour préserver l'intégrité d'une œuvre, cette section abordera spécifiquement les mesures à prendre pour préserver l'image en mouvement dans les installations — la bande magnétique et les médias numériques sont abordés séparément.
Beaucoup d'installations comprennent des composants filmiques. Pour un guide de conservation des supports filmiques, voir :
Linda Tadic's Recommended Conservation Practices for Archival Audiovisual Materials Held in General Special Collections (Mars 2001) (fichier PDF)
Film Forever: The Home Film Preservation Guide par the Association of Moving Image Archivists (AMIA)
Dans des conditions environnementales optimales, des bandes audio et vidéo neuves devraient avoir une durée de vie d'environ dix ans. Cette durée de vie peut en fait s'élever à trente ans, voir cinquante ans dans certains cas exceptionnels.
De bonnes conditions d'entreposage vous donnerons le temps nécessaire pour pouvoir documenter convenablement les œuvres et préserver celles nécessitant une attention immédiate, tout en conservant les bandes de priorité moindre dans un état stable. Le meilleur entreposage à long-terme se fait à approximativement 10°C avec une humidité relative de 25% et peu de fluctuation. Bien sûr, on ne peut pas toujours satisfaire à toutes ces conditions, mais dans tous les cas, les bandes doivent être entreposées en portant attention aux paramètres suivants :
La façon dont une bande est embobinée peut contribuer à sa longévité.
En stockant des médias numériques sur un système redondant de disques durs (tel qu'un RAID-6) ou sur un serveur vous dupliquez vos données et les gardez en relative sécurité à condition qu'un tel système soit bien géré. C'est aussi l'option la plus onéreuse.
Le prix au mégaoctet ayant diminué, un seul disque dur externe est une solution abordable et assez fiable pour stocker les composants d'une œuvre numérique. Cependant, l'entreposage à long terme de tout disque à haute densité est risqué.
La redondance est cruciale étant donné qu'un disque dur peut tomber en panne. Il est recommandé que vous sauvegardiez l'œuvre sur au moins deux disques durs et que vous en laissiez un dans un rayonnage et de préférence dans un lieu différent en cas de sinistre. Une redondance sur plusieurs formats est encore mieux : des fichiers sur des HDDs aussi bien que sur des bandes. De même, il est judicieux de rassembler les fichiers et les liens externes qui peuvent être répartis sur plusieurs serveurs et/ou dossiers pour maintenir la provenance de l'œuvre et exercer un contrôle plus important sur les composants individuels. C'est une étape essentielle dans la préservation des sites web.
Si votre institution en a les moyens, il est également bon de sauvegarder les données sur un support magnétique de stockage informatique tel que le Linear Tape-Open (appelé bande LTO), entreposé de préférence hors les murs. Cela requiert d'être connecté à un réseau local où sont réalisées des sauvegardes sur bande. Il est recommandé que vous stockiez les données sur des supports différents utilisant différentes technologies, afin que votre archives ne dépende pas que d'une seule technologie.
Note concernant les DVD-R et CD-R d'"archivage" gold :
Les disques optiques sont vulnérables aux rayures, à la chaleur et à l'humidité. Ils peuvent se délaminer à la chaleur. De même, l'humidité peut détruire un disque si de la moisissure arrive à la couche adhésive d'un DVD-R à travers des bords qui se détachent. Les disques optiques gold ont une couche réflective de 24 carats inoxydable et qui ne se ternie pas et utilise un colorant phtalocyanine organique, qui selon des études indépendantes, a la plus longue espérance de vie parmi les colorants photosensitifs. Le colorant est sujet aux dégradations après une longue période, spécialement si le support optique est laissé dans un lieu éclairé. La lumière peut décolorer le support, ce qui peut causer des problèmes lorsque le laser essaye de lire l'information enregistrée sur le disque.
Maintenir les équipements de lecture et de monstration d'une installation en état de fonctionnement est crucial pour préserver la relation des composants médiatiques individuels avec l'ensemble et préserver l'authenticité et l'intégrité de l'objet original (l'installation en tant que système fait de parties interconnectées dans son intégralité). Comme toute machine, l'équipement finira par connaître des défaillances, mais en l'entreposant dans de bonnes conditions, on peut retarder ce moment au maximum. Les recommandations suivantes devraient être gardées à l'esprit :
Pour plus d'informations sur l'entreposage et la maintenance des équipements y compris sur le processus d'identification de l'importance de l'état fonctionnelle ou non d'un équipement, voir "The Management of Display Equipment in Time-Based Media Installations" de Pip Laurenson.
La préservation renvoie à l'ensemble du processus par lequel le contenu d'un objet est sauvegardé et sa viabilité à long terme assurée. En ce qui concerne les installations, l'évaluation de la préservation devrait être faite simultanément pour tous les différents composants qui les constituent, afin de maintenir autant que possible l'authenticité de l'œuvre originale. Une documentation détaillée de l'original guidera votre méthodologie et le processus de préservation. Cette section abordera les besoins spécifiques de la préservation de l'image en mouvement dans ces œuvres — les priorités et les mesures pour les bandes magnétiques et les médias numériques seront abordées séparément.
Le processus de préservation implique la migration ou la copie dune bande vidéo vers un nouveau support d'archivage afin de maintenir le contenu accessible au long terme.
Un grand nombre de formats de bande vidéo analogique et numérique ont été fabriqués afin de répondre à des besoins spécifiques. En ce qui concerne la vidéo, aucun support sur bande n'a été désigné officiellement comme standard de préservation. Néanmoins, les supports vidéo qui sont recommandés comme étant bons pour l'archivage sont ceux qui sont omniprésents et dont l'utilisation est largement encouragée par les diffuseurs et les sociétés de production : des bandes professionnelles épaisses et robustes. Les formats de bandes vidéos que l'on trouve dans le commerce sont fabriqués pour le grand public qui souhaite réaliser des enregistrements vidéo considérés comme sans grande importance. Ces types de formats ne sont généralement pas robustes et ont des bandes plus petites possédant une qualité inférieure aux formats professionnels. Pour ces raisons, un format grand public ne devrait pas être utilisé pour générer une copie maîtresse de conservation.
Les formats les plus communément utilisés pour la préservation de la vidéo sont :
Le Digital Betacam (ou DigiBeta) - au sein de la communauté des archivistes ce format numérique peu compressé est actuellement considéré comme étant le meilleur choix pour réaliser une copie maîtresse de préservation. En tant que format numérique, ce support résistant et fiable possède de nombreux avantages : il peut fournir la meilleure qualité d'image possible et il n'y a pas de perte générationnelles lorsque l'on effectue une nouvelle bande maîtresse depuis le Digital Betacam, car il s'agit d'un clone numérique exact de l'original. Cependant, l'inconvénient de ce type de format de bande est son coût élevé. Les lecteurs sont chers et disponibles presque uniquement dans des environnements de production professionnels.
Le Betacam SP - est un format analogique non-compressé durable, fiable et capable au moment de la migration de maintenir un maximum d'informations comparé aux autres types de bandes. Toutefois, comme il s'agit d'un support analogique, des pertes d'informations peuvent se produire sur les bandes réalisées depuis une telle copie maîtresse.
Jusqu'à présent, il n'existe aucun consensus au sein de la communauté des archivistes concernant un format de fichier numérique qui soit approprié pour la préservation à long terme des images vidéographiques. L'avantage du numérique, est la capacité à reproduire les fichiers numériques sans pertes générationnelles — théoriquement. Il y a aussi des avantages en termes de prix et d'espace de stockage : les coûts de stockage des fichiers numériques baisse et vont probablement continuer à suivre cette tendance dans le futur.
Cependant, lorsque l'on numérise de la vidéo, un certain nombre de variables entre en jeu ; parmi elles on trouve les problèmes de compression, de codecs, et de compatibilité de fichiers. Ces problèmes doivent encore être résolus par les archivistes entre eux, bien qu'il y ait eu récemment de passionnants développements dans le domaine. (Un important projet est décrit dans la section études de cas de ce guide.)
Pour maintenir et mettre en œuvre un projet de préservation, il va vous falloir identifier les bandes qui requièrent une attention immédiate et déterminer les moyens que vous pouvez consacrer au projet. Donnez la priorité aux bandes à préserver en vous basant sur leur condition physique et leur provenance. Ce sont ces deux principaux facteurs qui déciderons du coût et du temps nécessaires pour préserver votre collection. De plus :
La migration requiert d'agir avec prévoyance — un équilibre entre vision à long-terme et à court-terme. Voilà un aperçu de la procédure basique :
Créez une copie maîtresse de préservation en re-masterisant ou en migrant les bandes sur un format d'archivage.
Créez plus d'une seule bande maîtresse et conservez la copie dans un lieu différent en cas de sinistre.
La bande maîtresse devrait comprendre une minute de mire de barres contenant les signaux de références pouvant être utilisés pour garantir l'intégrité esthétique du contenu de la bande originale.
Assurez vous qu'un timecode est généré sur votre master de préservation. Ce signal fourni un minutage de référence qui aide pour la synchronisation précise du contenu de la vidéo.
Faites au moins une copie de l'œuvre sur VHS ou DVD à des fins de consultation.
Prenez garde à ce que la deuxième bande maîtresse entreposée hors-les-murs ne soit pas lue, sauf s'il s'agit d'une inspection ou de créer de nouvelles copies d'archives ou d'exposition.
Certains organismes se sont aperçus qu'à long terme, investir dans une solution en interne pour le nettoyage et le transfert représente une économie de temps et d'argent. Plusieurs organismes, cependant, délèguent ce travail à des prestataires de confiance.
Une fois que vous avez sélectionné les bandes devant être préservées, contactez plusieurs prestataires afin de comparer leurs estimations. Fournissez leur autant d'informations que possible, y compris le format, la durée, et l'état de chaque bande.
Gardez à l'esprit que le prix peut changer une fois qu'un prestataire évalue personnellement les bandes.
La migration (reformatter et rafraîchir) est une parade contre l'obsolescence des médias et leur détérioration en transférant l'information numérique d'une configuration matérielle et logicielle à une autre. Il y a plusieurs niveaux de migration. Pour maintenir l'intégrité et la fonctionnalité originale de l'œuvre, vous pouvez utiliser les parties matérielles et logicielles avec un nouveau système d'exploitation ou vous pouvez transférer un format de fichier obsolète vers un format plus récent.
Concentrez les efforts initiaux de préservation vers les œuvres connaissant une détérioration physique ou incluant des composants propriétaires qui ne sont plus d'actualité ou qui ne sont plus maintenus par l'industrie. Il est cruciale que la migration ne modifie pas les fonctionnalités de l'œuvre, "son aspect et son ressenti" ou son essence. Les étapes suivantes mettent en avant les procédures élémentaires :
L'émulation implique la recréation de l'environnement technique requis pour voir un fichier. Cela est réalisable en conservant les caractéristiques des parties matérielles et logicielles requises afin que le système puisse être recrée par de futurs systèmes pour émuler l'environnement original. Avec cette approche vous n'avez pas besoin de migrer les fichiers, mais en revanche des émulateurs doivent être crées pour chaque configuration logicielle et matérielle, ce qui peut être coûteux.
L'encapsulation, une autre stratégie, groupe elle un objet numérique avec tous les composants nécessaires pour pouvoir accéder à cet objet. Dans l'encapsulation, les structures physiques ou logiques appelées "conteneurs" ou "adaptateurs" fournissent de l'information sur les relations entre toutes les données et tous les composants des applications logicielles. L'encapsulation tend à surmonter le problème de l'obsolescence des formats de fichiers en incluant des détails sur la façon d'interpréter l'information originale et les possibilités de recréer l'œuvre originale.
Dans tous les cas, il est cruciale de documenter toutes les mesures de préservation prises ainsi que les expérimentations réalisées. Cependant, un archiviste doit proscrire toute modification compromettant la fonctionnalité globale de l'œuvre ou son apparence. Lorsqu'il y en a, tous les changements intervenant devraient être minutieusement documentés et expliqués.
Pour plus d'information sur la migration et sur les autres stratégies de préservation, voir le "Digital Imaging Tutorial" de la Cornell University Library et le "Digital preservation strategy" des archives nationales australiennes.
Voir la liste des études de cas en préservation d'IMAP
Soyez prêt à consacrer beaucoup de temps à effectuer des contrôles de qualité qui peuvent parfois prendre plus de temps que la durée même de la bande. Si vous sous-traitez le travail, gardez en tête que bien qu'il soit habituel pour un laboratoire de mener des contrôles de qualité, il est tout de même important que vous réalisiez vos propres contrôles lorsque vous recevez des bandes d'un prestataire externe.
Idéalement, que ce soit pour des bandes magnétiques ou des médias numériques, l'évaluation de la qualité d'image devrait être réalisée par la même personne en utilisant le même équipement calibré et avec des réglages identiques. Une formation pour communiquer de façon efficace l'apparence d'une image entre qualités formelles et contenu, sera peut-être nécessaire aux membres de votre équipe.
Les quelques recommandations suivantes seront utiles pour évaluer la qualité d'une nouvelle bande maîtresse :
Si c'est la première fois que vous voyez le contenu de la bande, cataloguer aussi le contenu de l'image en utilisant une copie de consultation.
Pour évaluer la qualité des nouvelles copies numériques de préservation, testez les comportements et la fonctionnalité d'une œuvre en les comparant à ceux de l'original. Si l'original n'est plus accessible, effectuez les tests en vous appuyant sur la documentation de l'original.
Les variables techniques affectant le visionnage incluent :
Guggenheim's Variable Media Questionnaire
Laurenson, Pip. "Developing Strategies for the Conservation of Installations Incorporating Time-Based Media: Gary Hill's Between Cinema and a Hard Place"
Laurenson, Pip, “The Conservation and Documentation of Video Art”
Laurenson, Pip, “The Management of Display Equipment in Time-Based Media Installations”
Matters in Media Art (consortium of New Art Trust, MoMA, SFMOMA, and Tate)
Real, William. (2001). Toward Guidelines for Practice in the Preservation and Documentation of Technology-Based Installation Art. JAIC 40 (2001): 211-231
Tate’s preservation and presentation (étude de cas) of Nauman’s “Mapping the studio...”