Questions élémentaires

Il est souvent difficile de savoir où commencer un projet de préservation numérique. Les variables entre les différentes œuvres à composantes informatiques, spécialement si on les compare aux médias traditionnels ou même aux œuvres vidéo monobande, peuvent être quasi infinies. Ces variables sont un challenge majeur auquel font face les personnes travaillant dans le champ de la préservation numérique. Les questions qui suivent abordent les aspects élémentaires devant être considérés au commencement de tout projet de ce type.

Quels sont les défis de la préservation des médias interactifs?

Les nouveaux médias sont encore plus dépendants d'une technologie en perpétuelle évolution que les œuvres monobande. Le matériel informatique, les logiciels, les systèmes d'exploitation et les supports de stockage connaissent régulièrement des défaillances ou deviennent obsolètes. Dans les années 1980, par exemple, les Laserdisc (aussi connu sous le nom de LD, Videodisc) permettaient une variabilité plus importante que la bande vidéo, mais aujourd'hui, les lecteurs de Laserdiscs sont de plus en plus dur à trouver. Des CD-ROMs de moins de dix ans ne peuvent plus être lus par la plupart des systèmes d'exploitation actuels. Les sites web peuvent changer sur une base journalière.

De plus, la longévité des données numériques, ou des bits, reste à prouver. Les fichiers numériques ont encore besoin d'un support de stockage, qui demandera une gestion peut-être encore plus assidue que des pellicules filmiques dans un coffre fort. Comme le souligne Bruce Sterling dans son article "Digital Decay", "La magnétisation des rubans s’estompe, le laminage des disques compacts s’effrite. Les réseaux s’effondrent. Il existe toute une séquence de points de défaillance additionnels, intrinsèques à la nature des ordinateurs contemporains."

Pour les œuvres à composantes informatiques n'est-il pas suffisant de sauvegarder les fichiers?

Non. Les logiciels et systèmes d'exploitation informatiques évoluent constamment, et apparaît souvent plusieurs versions en l'espace d'une année. Ces améliorations sont parfois faites avec peu de considérations pour la manière dont les médias plus âgés seront lus sur les nouveaux systèmes. Comment les données seront traduites dans le futur est difficile à anticiper et "l'aspect et le ressenti" d'une œuvre peut varier grandement d'un système à l'autre. Les bons logiciels et systèmes d'exploitation doivent être sauvegardés en même temps que les fichiers qui les utilisent, et/ou les fichiers doivent être migrés en portant une attention très stricte à la qualité.

Faire des impressions d'écrans d'un site web suffit-il à préserver l'œuvre?

Bien qu'utile comme documentation, les captures d'écran ne conservent pas la fonctionnalité ou les possibilités interactives d'une œuvre pour internet. En plus des types spécifiques de fichiers et de lecteur de médias, certains navigateurs affectent grandement la façon dont on fait l'expérience d'une œuvre. Il sera peut-être nécessaire de garder des copies de logiciels, de systèmes d'exploitation, de navigateurs et de plug-ins s'ils sont inhérents à la fonctionnalité de l'œuvre. Une œuvre à composantes informatiques peut nécessiter une migration vers, ou une émulation dans, une plateforme contemporaine.

Que veut dire migrer ou émuler une œuvre?

La "migration" est la forme la plus élémentaire de préservation numérique. Cela veut simplement dire copier des fichiers numériques vers de nouveaux supports de stockage, en prenant soin de préserver toutes les qualités de l'œuvre originale.

L'émulation est plus complexe. Pour utiliser une définition de la conservatrice Caitlin Jones : "Émuler une œuvre consiste à tenter d’en imiter l’apparence d’origine par des moyens tout à fait différents. Le terme émulation s’applique en
général à la re-fabrication ou à la substitution des composants d’une œuvre, mais il a aussi un sens spécifique dans le contexte des médias numériques, où l'émulation s'avère une technique puissante pour exécuter un programme d'un ordinateur dépassé sur un ordinateur contemporain."

Y a-t-il d'autres façon de préserver des œuvres numériques?

Comme l'a écrit Richard Rinehart, il est peut-être possible de "[recréer] l'œuvre à partir de zéro dans des médias contemporains en se basant sur les instructions de l'artiste, en documentant l'œuvre avec des médias plus stables et en migrant l'œuvre vers un nouveau standard ou une nouvelle plateforme".

Sources

Caitlin Jones, Seeing Double: Emulation in Theory and Practice (PDF file)

Richard Rinehart, Preserving the Rhizome ArtBase (PDF file)

Bruce Sterling, Digital Decay (PDF file)

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